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    Doit-on excuser les mythomanes ?

     

     

    La mythomanie, une pathologie aussi angoissante que fascinante, et qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.

    Explications.

    Isabelle Taubes

     

    Jeanne ment… comme elle respire. Elle raconte des histoires rocambolesques, où elle apparaît tour à tour infirmière en Afrique, ou assistante d’un grand professeur de psychiatrie…

    Bref, la madone des démunis ! Quand on l’interroge sur ses parents, elle évoque, blasée, une riche famille qui a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique.

      

    Mais elle n’a que mépris pour cet argent, s’empresse-t-elle de préciser. A l’instar de tous les individus atteints de mythomanie, Jeanne s’invente des origines prestigieuses et des actions héroïques.

    Ses mensonges sont son oxygène.

    Elle a besoin d’eux pour exister. Jeanne ne peut s’empêcher de mentir.

     

    C’est cet automatisme irrépressible, fonctionnant en roue libre, qui fait de la mythomanie une maladie grave, et des mythomanes, des êtres fascinants et angoissants. En effet, nous mentant sans la moindre gêne, aussi sûrs d’eux et souriants que s’ils disaient vrai, ils nous renvoient à la nature incertaine du langage.

     

    Non, les mots ne sont pas entièrement fiables ; l’autre a toujours la possibilité de me mentir, de me tromper sans que je m’en aperçoive : rien, a priori, ne distingue une vérité d’un mensonge.

     

    Mythomanie n’est pas vantardise

    On connaît mal la mythomanie : les ouvrages qui l’abordent ne sont pas légions et rarement accessibles au grand public.

     

    Du coup, on emploie ce terme à tort pour désigner, par exemple, la vantardise de celui qui nous abreuve de ses imaginaires exploits sportifs, de ses inexistantes performances professionnelles.

    Ou la tendance de certains à embellir la réalité pour se rendre plus intéressants aux yeux des autres, plus aimables. Mais eux, contrairement au vrai mythomane, savent pertinemment qu’ils mentent et sont prêts à le reconnaître. Ce n’est pas le cas de Jeanne.

     

    D’ailleurs, aucun spécialiste n’est en mesure d’évaluer le degré de lucidité du mythomane. Nous avons tous des fantasmes «mégalos» qui nous permettent de protéger notre narcissisme, notre amour propre, face aux coups durs. Dès qu’un échec nous met le moral au plus bas, immédiatement une issue s’offre à nous : l’imagination.

     

    Nous nous voyons en bienfaiteurs de l’humanité, sauvant des êtres en détresse, et suscitant l’admiration de tous, ou bien membres d’une riche famille, d’un clan plus intéressant que le nôtre.

    Ce sont précisément les images de nos scénarios mégalos les plus courants que véhiculent les affabulations des mythomanes.

    Mais généralement, nous savons que nos fantasmes ne sont que des fantasmes, et nous les gardons pour nous (sauf, ponctuellement, quand nous avons envie de paraître, face à un personnage dont nous cherchons l’admiration).

    Ce n’est pas le cas du mythomane, qui, lui, les vit sans recul.

     

    Deux menteurs peuvent-ils s’entendre ?

    Jeanne réussit à s’attirer l’affection d’une vieille dame, Madeleine, fascinée par cette jeune femme qui prétend avoir tourné le dos à une existence aisée pour se consacrer aux êtres souffrants. Elle l’engage pour s’occuper de son petit-fils, Antoine.

    Lui aussi ment, mais pour mieux escroquer ses semblables, les soulager de leur argent et de leurs bijoux. Deux menteurs peuvent-ils s’entendre ?

    Si le menteur « normal » – y compris l’escroc – trompe sciemment son interlocuteur, le mythomane se trompe d’abord lui-même : l’autre, en tant qu’individu, compte peu, il n’est que le réceptacle – certes, indispensable – de ses affabulations : même si ses thèmes de prédilection sont de nature à inspirer le respect, l’admiration, ses récits sont d’abord destinés à son propre usage. En fait, il se parle à lui-même.

     

    SOURCES

     http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Troubles-Maladies-psy/Articles-

    et-Dossiers/Doit-on-excuser-les-mythomanes

     

     

     

     

     

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