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    Mythomanie, mensonge, usurpation d’identité, imposteurs, délires, allégations, démences affabulatrices sous l’effet de l’alcool, de drogues ou de troubles neurologiques centraux, ne sont que des symptômes de troubles sous-jacents de la personnalité de type hystérique, paranoïaque, borderline, perverse ou psychopathique.

     

     

    La mythomanie ou mensonge pathologique est très fréquemment à l’œuvre en situations de revendications affectives, professionnelles et matérielles sous formes de plaintes, de procès, d’allégations.

     

    C’est l’arme, le plus souvent, des faibles ou des pervers qui savent très bien à quel point la parole peut s’avérer destructrice (lettre anonyme, délation, rumeur). ( cf sous l'occupation, la délation était devenue un - mode de vie - acharné.

     

    Le mensonge est un mécanisme de défense tout à fait normal bien nécessaire et utile dans la petite et moyenne enfance. Il permet de commencer, face à la toute-puissance des adultes, à s’autonomiser, se singulariser, s’affirmer, se défendre des exigences familiales et sociétales par trop contraignantes.

     

    En grandissant, l’individu, confiant en lui et acceptant les règles du jeu de la société (famille, école, travail, état), tend généralement à abandonner progressivement ses revendications capricieuses et de prestances pour enfin tenter de vivre ses rêves et non le contraire.

     

    Mais l’arrivée des mondes virtuels a su capter quelques adolescents et adultes immatures et leur proposant de continuer à s’adonner à vivre par procuration leur besoin d’emprise et de réussite sans efforts à travers des jeux jusqu’à même proposer de refaire leur vie virtuellement (Second Life).

     

    Notons que tous ces jeux mettent en scène une prise de pouvoir, un esprit de "winner" en proposant de gagner des points, de tuer, de surmonter des obstacles, de passer des niveaux; à notre connaissance, il n’existe pas de jeux populaires ayant une logique de "looser".

     

    Le mensonge inconscient est un mécanisme de défense exprimant une souffrance, un traumatisme, un délire, un besoin de réalisation de toute-puissance déniant la loi et les efforts nécessaire afin à cet effet.

     

    Dans les cas de grande souffrance sous-jacente, les sujets mythomanes s’arrangent toujours pour être démasqués un jour ou l’autre.

     

    Dans les autres cas c’est la fuite, le meurtre ou le suicide qui ponctuent leur existence afin d’échapper à la justice ou à l’humiliation de la révélation de l’imposture. La réussite du mythomane tient principalement au désir de crédulité des foules en la possibilité d’exploits ou de subir une force qui fait rêver, subjugue, émerveille l’enfant qui sommeille toujours en chacun.

      

    Ceci explique certainement la fréquence de l’incrédulité des dupés une fois l’imposture démasquée malgré des preuves flagrantes. C'est souvent l'attitude de l’entourage, sous-tendue par un mécanisme de déni ou de dénégation, qui participe à maintenir beaucoup plus longtemps que nécessaire l’imposture dont ils sont en vérité les victimes inconscientes volontaires.

      

    La réussite du mythomane dans le temps tient également à sa capacité à savoir brouiller les pistes par un discours dont les informations sont non ou très difficilement vérifiables. Il s’arrange en effet pour n’avoir aucun témoin vivant et raconte toujours les mêmes faits avec force de détails ce qui lui demande d’avoir une très bonne mémoire.

     

    Le plus souvent le mythomane, mal inscrit familialement et socialement, maintient pas ou peu de liens familiaux, conjugaux et amicaux.

      

    Il opte pour la stratégie du désert relationnel qu’il compense par la multiplication des contacts superficiels avec des personnalités en vue ou ayant un pouvoir (scientifiques, artistes, politiques, journalistes, hommes d’affaires, sportifs, mannequins, etc.).

      

     

    Pour capter ses "victimes" le mythomane pervers ou paranoïaque se sert pratiquement des mêmes techniques que celles utilisées par les chefs de sectes : discours fabuleux, promesses, isolation, médiatisation, prosélytisme.

      

    A cet égard la manifeste complicité involontaire des médias n’est que la résultante d’une recherche frénétique de toujours plus de sensationnels, d’insolites et d’une rapidité de la circulation des informations non-vérifiées ou mal relayées, falsifiées par les nouvelles technologies qui colportent des rumeur du type "j’ai vu l’homme qui a vu l’homme".

     

    Comment en effet un quotidien peut-il aujourd’hui prendre le temps de vérifier en profondeur ses sources sans perdre sa clientèle ?

      

    La survie économique des médias est désormais leur raison d’être,

     

    il n’est donc plus question de se permettre d’avoir des états d’âme. Mourir ou mentir pour l’information serait le pendant en sport de l’alternative perdre ou tricher et pour les publications scientifiques bidonnées celui du dilemme publish or perish.

      

    Quant aux démentis éventuels, ils sont toujours édulcorés afin de protéger par la loi du silence la fiabilité des organes de diffusion de l’information ou les forces en jeu qu’elles soient politiques, industrielles ou sociales.

      

    N’oublions pas que nous vivons dans une société du mensonge et ce depuis notre plus tendre enfance :

    "tu étais le plus beau bébé du monde" ou

    "si tu es sage le Père Noël t’apportera...".

     

    Par ses tracasseries administratives et réglementations abusives, cette même société incite de plus en plus à la transgression.

      

    Le mythomane, qu’il soit immature, pervers ou délirant, se nourrit de cette complicité de la société toute entière qui expose en permanence un front office glorieux oeuvrant à dissimuler le mieux possible un back office plutôt besogneux, pitoyable voire parfois glauque, malsain ou malhonnête.

     

     

    Filmographie:

    Le baron de l’écluse de Jean Delannoy (mythomanie histrionique)

    Patton de Franklin J. Schaffner (mythonanie délirante grandiose)

    Les associés de Ridley Scott (mythomanie perverse, utilisatrice)

    L’adversaire de Nicloe Garcia (mythomanie narcissique)

    Le faussaire de Volker Schlondorff (mythomanie narcissique)

    Comme elle respire de Pierre Salvadori (mythomanie borderline)

    Fight club de David Fincher (mythomanie délirante)

     

    Bibliographie:

    Nazare-Aga. Les manipulateurs sont parmi nous ; Ed. de L'Homme, 2004.

    Nazare-aga. Les manipulateurs et l'amour. Ed. de L'Hommme, 2004.

    Jean-Marie Abgrall. Tous manipulés, tous manipulateurs. Ed. First, 2003.

    Bernard Filaire. Les sectes. Ed. Le cavalier bleu, 2003.

    Ladislas Kiss. Une société plus humaine. Utopie ou réalité? Ed. Karpathos, 2007.

     

     

    SOURCES :

    http://www.ladislaskiss.net/#!article-25/cgm7

     

     

     

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