Il y a deux types de harceleur : le harceleur conscient et volontaire et le harceleur pervers qui agit compulsivement. Cette deuxième forme de harcèlement est difficile à admettre lorsqu'on croit que tous nos actes sont volontaires. Ils ne le sont cependant pas ; la majorité de nos actes sont inconscient et le harceleur, autant que sa victime entrent dans un jeu sans l'avoir décidé.

 

 

Le harceleur est un pervers narcissique

Le harcèlement moral n’a pas de sexe et s’exerce partout. Le harceleur ne détient pas forcément un pouvoir reconnu au départ.

  

C’est le regard de sa victime qui le lui octroie. Il peut être un chef, un collègue, un subordonné ; un parent (géniteur) ou un enfant (progéniture) ; un conjoint (homme ou femme) ; un enseignant, un surveillant, un camarade de classe, un élève… Mais il est redoutable quand il détient effectivement un pouvoir officiel.

  

À la maison il est le pater familias (si cette autorité lui a été contestée, il a divorcé) au travail, on a d’autant plus de mal à le déjouer qu’il est le directeur, le responsable, le prof, le docteur, le juge, l’élu (politique ou syndical), le président de l’association…

  

Toutefois il peut être un sans-grade qui s’en prend à ses collègues ou à ses responsables. Il peut, par exemple, devenir le bras droit indispensable qui connaît tous les dossiers mais qui les classe de façon si inaccessible que rien ne peut être traité en son absence.

  

Il peut être l’employé modèle devenu confident qui répand lui-même des bruits sur la nature de ses liens avec son responsable direct puis qui accuse ce dernier de harcèlement, s’explique mais récidive. Il peut être le mécanicien irréprochable qui règne sur les cadres en maîtrisant l’utilisation de leur véhicules à travers révisions et pannes fictives.

 

Le harceleur moral compulsif n’est pas un méchant qui veut consciemment nous faire du mal. C’est un malade, un pervers narcissique. C’est-à-dire qu’il prend plaisir à saper l’amour propre de ses victimes et à observer la souffrance morale, que ses manœuvres compulsives* (notamment des contradictions) provoquent chez elles.

 

Cela le rassure quant à sa valeur propre (qu’il estime, lui, très grande), lui prouve qu’il a grandit puisque ce n’est plus lui qui est déstabilisé comme il a pu l’être dans son enfance. Il s’élève donc en écrasant ses victimes. Il passe, ce faisant, à côté du bonheur détruisant conjoint, enfant, amis et il se plaint que ce sont ceux-là qui sont ingrats à son égard.

 

Son cercle relationnel est constitué de fraîche date. Cette récence est, bien sûr, proportionnelle à son âge, c’est-à-dire qu’à l’école, ses amis dateront de la dernière rentrée scolaire ; qu’à l’université, ils pourront dater du début des études et qu’à cinquante ans ils pourront avoir dix ans d’existence, guère plus. En effet, on le lâche quand on est fatigué d’essayer de le comprendre, quand on s’est rendu compte que son comportement est malsain.

  

Mais il cherche à renouer car il n’admet pas ce rejet. Si on se laisse prendre, il est prêt à recommencer ses manœuvres antérieures. Toutefois, sa victime a du mal à le lâcher, non pas parce qu’elle est masochiste, mais parce que les manœuvres qu’elle subit exacerbent son engagement.

 

 

La victime idéale est probe généreuse tolérante et ingénue

 

Les psychologues improvisés que nous devenons tous par la faute des médias, ayant cru comprendre qu’en matière de psychologie l’explication est le contraire de ce qu’on aurait pensé, voient dans la victime un masochiste qui se complaît à souffrir, alors qu’il s’en plaint. Il n’en est rien.

  

C’est quelqu’un qui s’enlise dans ce rôle de victime parce qu’il a le sens du devoir : il tient ses promesses et le harceleur s’est appliqué à lui faire commettre les actes qui lient leurs intérêts. Il l’a, par exemple envoyé parlementer à sa place, il lui a fait rechercher son droit, rédiger des lettres délicates ou toute autre action qui manifeste une prise de position sur laquelle il est de plus en plus difficile de revenir.

  

Le summum étant l’association officielle voire le mariage. De plus, la victime est d’un tempérament généreux, prête à rendre service, prête à faire évoluer les méchants par l’exemple de la bonté.

  

Elle est tolérante, pardonne et donne une deuxième chance, puis une troisième, etc. Elle est surtout ingénue car elle ne peut pas imaginer que quelqu’un agisse autrement que sciemment ; elle croit que chacun dit toujours ce qu’il pense et fait ce qu’il dit dans le respect d’autrui. Enfin, c’est souvent lors d’une période de faiblesse (changement de poste, d’entreprise, peine de cœur… que le harcèlement marche le mieux parce que, dans un premier temps, le harceleur se pose en sauveur.