• Après ma vie de détenue: Solitude

     

    accès détention Maison Centrale de Poissy

     

     

    Après ma vie de détenue: Solitude

    Ancienne détenue de la prison de Sequedin

     

     

     

     

    J'ai vécu trois mois en détention en ne voyant qu'un petit nombre d'individus et chacun peu de temps, je croyais être privée des mille spectacles de la variété humaine, des vices, des vertus, des beautés, des laideurs d'une incroyable diversité qui émaillent la foule au dehors.



    Mais ici je me suis aperçue que chaque femme est un microcosme, qu'il suffit d'en considérer une pour les retrouver toutes et qu'on pourrait même n'en voir qu'une.

     

    Car c'est en soi qu'on découvre peu a peu tous les aspects qui semblaient particuliers à d'autres.

     

    Sans doute est-ce un des miracles de la solitude que de vous rendre clairvoyante, en concentrant les caractères ignorés jusque là sur votre attention et sur les rares visiteurs, de vous révéler dans le grouillement de la vie quotidienne, on ne voyant en chaque être que le trait essentiel. Le plus visible.

    On méconnaissait tous les signes secondaires. Une pareille clairvoyance vous échoit sur vous-même; tout au long d'une journée de réclusion, au fil de le pensée on découvre en soi avec surprise mille réactions qu'on se croyait les plus étrangères, qu'on observait sans les comprendre chez nos congénères de fortune. Il n'est plus guère de sentiments qui vous restent inaccessibles, plus de portes secrètes qui ne s'ouvrent devant la rêverie. Peut être la solitude développe-t-elle tout les traits de l'humanité, aide-t-elle a devenir un monde clos à soi seul, et par une sorte de self-défense de protection contre ses propres dangers, procure-t-elle des armes et des ressources nouvelles, comme ces animaux des grandes profondeurs marines, ou de la jungle sauvage, qui possèdent des organes plus développés que leurs semblables des contrées privilégiées.

    Le plus grand danger pour la détenue serait de se fatiguer de soi-même, de ne plus pouvoir se supporter. Il faut à son être intime une variété nouvelle pour se donner le change. Une loi mystérieuse y pourvoit. Ainsi jamais ne pourra-t-ont être vraiment seul, récompense ou punition?

    On ne peut se délivrer de l'humanité toute entière qu'en se délivrant de soi même par la mort...

     

    La femme s'arrête et nous fait face, on la regarde passionnément.

     

    Elle est toute différente de ce qu'on imaginait , nous révèle des traits insoupçonnés, qui nous ravissent et nous navrent tout a tour.

     

    Et c'est soi-même qu'on contemple avec des yeux nouveaux...

     

     

    Mère de famille de cinq enfants, Josina Godelet a été emprisonnée trois mois à Sequedin et a raconté cette expérience terrible dans un livre, publié aux éditions Edilivre, disponible ici :

    http://www.edilivre.com/journal-de-bord-d-une-detenue-1e636d5cb6.html#.U2DLMPl_vTp.

     

     

     

     

     

     

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